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Focus ingrédient – (Co-)émulsifiant : le Polyglycéryl oléate

Comme je vous le disais ici, j’ai des projets plein la tête en ce moment…
L’un d’entre eux était d’explorer certains ingrédients. Pas comme d’habitude dans des formulations mais plutôt comme le test sur la Mousse de sucre en foamer.

Et plutôt que d’explorer des actifs, il s’agira plutôt dans cette nouvelle rubrique d’étoffer votre boîte à outils cosmétiques, pour tirer parti au mieux de vos ingrédients. Ces articles étofferont la fiche sur la formulation que je vous avais promis l’an dernier et me suis aperçue avec effroi que j’en avais écrit les 3/4, mais ne l’avais jamais publiée! Le peaufinage est en cours 😉 Ce sera aussi une rubrique évolutive, je compléterai les fiches par de nouveaux tests directement en formulation.

Aujourd’hui, je voudrais vous parler d’un ingrédient que je découvre à peine mais qui pour le moment est très prometteur : le polyglycéryl oléate. C’est chez Caly que j’ai découvert cet ingrédient. Son article m’avait déjà donné bien envie de le tester, c’est la fiche ingrédient qui a fini de me conquérir…

Pour les non-anglophones, il s’agit d’un émulsifiant utilisable à chaud et à froid qui donne de belles crèmes brillantes, et laisse une sensation d’application très agréable.

Mes crèmes contiennent généralement peu d’huiles, ce qui confère souvent un manque de brillance (le gras fait briller, comme en cuisine). Le coco caprylate m’aide beaucoup dans ce sens, déjà. Mais l’esthétique et le confort d’application étant dans mes priorités juste après l’efficacité de mes cosmétiques HM, je reste un peu sur ma faim au niveau visuel et application… Je me rapproche petit à petit de mon objectif ultime : obtenir des crèmes similaires à celles du commerce, version HM. Et croyez-moi chers lecteurs, cette route est longue et parsemée d’embûches… Le polyglyceryl 4-oleate (son ptit nom officiel) va être je le crois un ingrédient-clé dans cette quête.

Il se présente sous la forme d’un liquide visqueux jaune ambré, je l’ai trouvé .

P4O

La fiche technique du fabricant n’est pas des plus exhaustives, donc je suis allée farfouiller un peu partout. Je passerai sur le blabla théorique, mon propos aujourd’hui se veut purement pratique.

Voilà ce que j’ai glané au fil de mes recherches, qui peut nous intéresser :

– son HLB est de 5, ce qui en fait un émulsifiant eau-dans-huile.
– il s’utilise de 2 à 10% comme co-émulsifiant ou comme émulsifiant seul. Il m’a été jusqu’à présent impossible de trouver des dosages plus précis, en particulier à partir de quel pourcentage il peut être le seul émulsifiant.
– il laisse un fini très agréable sur la peau et les cheveux, qui est veloutée, adoucie.(c’est un conditionneur)
– il est liposoluble et se disperse dans l’eau.
– c’est un agent de texture : il épaissit.
– sur le long terme, il maintient l’hydratation.
– il peut servir à incorporer des actifs hydrosolubles dans un sérum huileux. Si j’ai bien compris, il aurait des propriétés similaires au Polysorbate et permettrait de faire des produits type huile démaquillante (une huile qui, au contact de l’eau, s’émulsionne et se transforme en lait), mais c’est à tester. 

To be continued!

Alors là, chers lecteurs, je devais vous offrir un joli tableau avec mes impressions et dosages. Comme c’est l’un de mes plus beaux ratés et que ça faisait longtemps que ça ne m’était pas arrivé, je me dis que je me dois de le partager! Et puis, en plus, du coup, j’ai plus de tableau pour vous pour le moment, il fallait bien expliquer pourquoi…

* Ce qui suit n’a d’autre utilité que de partager une anecdote, la fin de la fiche se trouve plus bas, en gras/italique pour les plus sérieux. Je recommande sa lecture aux débutantes, autant pour ne pas le refaire que pour avoir la confirmation que ce que je leur dis régulièrement vrai : même avec des années d’expérience, on en apprend toujours, et on fait toujours des erreurs! Ce sont même la voie royale vers l’apprentissage 😉 Niels confirmera ça*

« Un expert est un homme qui a commis toutes les erreurs qui peuvent être commises, dans un domaine restreint. »

Source : I fucking love science

J’ai fait ça soigneusement, j’ai pris mes dosages habituels pour ce genre de tests : les 3 dosages basiques pour chaque type de peau : 10, 15, et 20% d’huile. Ensuite, me rappelant avoir vu le Polyglycéryl oléate en tant que co-émulsifiant chez Caly à 4%, j’ai décidé de commencer à tester à 6% puisque je voulais tester l’émulsifiant seul. J’ai donc préparé chaque petite formule pour chaque type de peau avec 6, 8 et 10% de Polyglycéryl Oléate. Une fois mes recettes calculées en %, j’ai converti chaque mesure pour avoir 25g de préparation au total (il s’agit de ne pas trop gâcher au nom de la science quand même ^^). J’ai même dû, comble du fun, hum, tout convertir en ml : ma balance n’a pas aimé recevoir du spray hydratant sous son plateau, elle sèche, et je croise les doigts… J’ai mélangé longtemps. J’ai mis tout ça dans de petits ramequins que j’ai étiquetés. Ca a émulsionné mais très brièvement, avant de déphaser. Je me suis dit qu’à chaud ce serait peut-être plus efficace. J’ai préparé un plan de poêle (les étiquettes allaient se perdre avec la chaleur… Il fallait que je m’y retrouve!), et chauffé petit à petit les 9 préparations. Je peux dire que j’étais soulagée d’avoir eu un coéquipier sur le coup!

Vous le sentez un peu venir? Oui oui, toujours rien. A 15 et 20% d’huile et 10% de polyglycéryl oléate, j’ai eu deux émulsions légèrement épaissies… pendant quelques minutes (dont une instable dès le départ). Autant vous dire que je devenais dingue. Je SAVAIS que c’était un bon ingrédient. Donc je ne comprenais pas pourquoi je n’arrivais pas à l’utiliser, d’autant que ça ne m’étais jamais arrivé.

Je me suis longtemps posé la question d’écrire ou non cet article, et puis je me suis souvenu de l’effet qu’avait laissé la croupe (entre la crème et la soupe) sur ma peau. J’ai fait mes tests avec de l’huile d’olive. Comme toutes mes huiles de test, je l’ai choisie assez grasse, pour tester la pénétration : si un émulsifiant parvient à me faire oublier que je viens de m’étaler un machin à 20% d’huile d’olive sur la peau (pour les petits nouveaux, je suis lipophobe, une bonne partie de mes obsessions cosmétiques tourne autour de l’objectif de nourrir sans aucun effet gras), c’est forcément un émulsifiant qui va me plaire (encore plus sachant que je ne formule qu’avec des huiles très sèches)…

Au tout premier contact, je sens un peu de gras, mon poil se hérisse (oui, c’est à ce point-là), mais je suis ébahie par la douceur que l’on peut sentir également. Quelques minutes (peut-être 5) plus tard, une nette différence se fait sentir, l’endroit où la croupe a été étalée est juste incroyablement doux. Je resteste avec le plus petit pourcentage d’huile (pour vérifier que c’est l’émulsifiant et non l’huile qui rend cet effet), et là, encore mieux, presque pas de gras, une super glisse et toujours ce velouté! Je crois que j’ai passé 2h à me caresser les mains…

Bon, qui à ce stade-là a déjà tiqué depuis un moment et aura tout à fait le droit de se moquer gentiment de moi? 

C’est en relisant des fiches techniques et chimiques du produit que j’ai eu un flash… HLB=5, W/O l’émulsion??? Et là, fou rire (je ne sais pas si c’était un rire nerveux ou mon auto dérision en revanche…). En bonne lipophobe qui se respecte, je ne fais bien sûr jamais d’émulsion E/H! 40% d’huiles minimum avec un bon émulsifiant, beurk! Attends, 40, tu dis? Comme le double de ce que j’ai mis au max? Oui, voilà. La « rookie mistake »* du mois, voire de l’année. Tenter une émulsion eau dans huile avec 10, 15 ou 20% d’huile… Mesdames et messieurs, ça, c’est fait!

* l’erreur de débutante

Donc voilà un dur labeur qui aura été formateur, mais peu productif. Ceci dit, cela veut dire que je vais compléter cette fiche dès que possible avec plus d’informations, dès que j’aurais trouvé de chouettes utilisations, j’ai déjà quelques idées 😉

Et en attendant, sur le front « co-émulsifiant », voici ce que j’ai pu tester :
– à 2%, pour tester son effet conditionneur sur le cheveu, dans un spray hydratant et démêlant qui pour le moment est notre gros coup de cœur de la saison chez les DPC, donc prometteur.
– à 2% également, pour ajouter une fragrance uniquement dispersible dans les produits moussants, ainsi que pour son effet conditionneur pour la peau dans une mousse nettoyante visage (qui est géniale mais que je soupçonne d’obstruer un peu le mécanisme, si ce n’est pas le cas, je la partagerai avec vous très bientôt), clairement, pour avoir testé ce genre de formulation au prealable sans lui, il y a une nette différence au niveau du toucher. 

 N’hésitez pas à aller fouiner chez Caly pour le voir en formules, baver sur les textures 😉

De nouveaux tests et de nouvelles infos rapidement, à très vite! 🙂

N’hésitez pas à partager vos expériences avec cet ingrédients si vous en avez!